Vieilles voitures : les Français roulent à contre-courant

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La France fait face à un vieillissement de sa population... automobile. En effet, tandis que les ventes de voitures neuves dégringolent, les modèles les plus anciens cartonnent sur le marché de l'occasion. Une tendance bien ancrée, qui tient autant du choix que de la contrainte.
Alors que le marché du neuf encaisse un -7 % depuis janvier, et que les commandes chutent de 13,5 %, le réflexe de l'occasion semble au contraire se renforcer. Résultat : aujourd'hui, pour chaque voiture neuve vendue, il s'en écoule 3,5 en seconde main. Et pas seulement des occasions récentes. Non. Ce sont les vieux modèles qui reviennent en force, parfois avec plus de 200 000 km au compteur.
Neuf = Cher
Comment l'expliquer ? Il faut d'abord bien constater que dans le chef de bien des Français, l'achat d'un véhicule neuf est devenu un saut dans l'inconnu : inflation, fiscalité mouvante, avenir incertain du thermique, tarifs de l'électrique encore hors sol... Et au-delà des préoccupations financières, le produit en soi pose question. L'automobile moderne est devenue trop chère, trop complexe et/ou trop « technologique » pour une large partie des automobilistes.
Youngtimers en force
Entre janvier et avril, le marché de l'occasion grimpe donc de 2,54 %. Et comment les occases se partagent-elles le gâteau ? Les plus fortes hausses se concentrent sur deux segments opposés : les occasions toutes récentes (moins d'un an) et les 7-10 ans, chacune à +10 %. Les 5-7 ans suivent (+6,8 %), mais les 2-5 ans s'effondrent. En queue de peloton, on trouve les jeunes occasions (1-2 ans) qui restent encore chères, et les 10-15 ans qui peinent à trouver preneur. Mais le vrai carton dans le domaine est à mettre au crédit des plus de 15 ans, qui pèsent désormais près d'un tiers du marché ! Et leur croissance dépasse 8 %. Un véhicule sur trois vendu en occasion est donc un youngtimer, ou en passe de le devenir. Des voitures attachantes, presque déjà classiques, que personne ne semble pressé de mettre à la casse. Et c'est tant mieux !
Diesel, techno, budget : les vraies raisons
On soulignera que le succès de l'occasion n'est pas qu'une affaire de portefeuille. Parmi les facteurs souvent cités par le public, citons le rejet des nouvelles normes de sécurité (GSR2), la lassitude face à la surenchère électronique, ou encore l'immortel attachement des Français à un bon vieux diesel - encore 55 % des immatriculations de voitures au-delà de 15 ans.
ZFE : la fracture
Ironie de l'histoire : alors qu'on parle de zones à faibles émissions pour bannir les vieilles autos des centres-villes, jamais elles ne se sont aussi bien vendues. Mais à force de restrictions mal acceptées, de primes supprimées et de décisions suspendues à l'Assemblée, ces ZFE tournent de plus en plus au symbole creux.
publié le 17 mai à 07h00, Sébastien Vanhouche, Media365