Taxis contre VTC : après la grève, le Gouvernement cherche un consensus

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Pour mettre fin à la crise des taxis qui chahute plusieurs villes de France depuis la fin mai, le gouvernement a ouvert cette semaine des négociations entre chauffeurs de taxis, VTC, plateformes et syndicats. Si plusieurs pistes sont évoquées, l'équilibre reste pour l'instant fragile.
La crise opposant les chauffeurs de taxi au gouvernement pourrait peut-être enfin trouver un début de résolution. Plusieurs milliers d'entre eux s'étaient mis en grève le 29 mai dernier, pour répondre à une double inquiétude. D'une part, la réforme du transport sanitaire conventionné qui pourrait entraîner une baisse significative de revenus pour de nombreux taxis (en particulier en zone rurale), et d'autre part, la concurrence jugée déloyale des VTC , accusés de ne pas respecter les mêmes règles que les taxis. Les chauffeurs de taxi réclamaient notamment le retrait ou la révision de la nouvelle convention tarifaire, ainsi qu'un renforcement des contrôles et des sanctions contre les pratiques illégales des VTC, notamment la prise en charge de clients sans réservation et le défaut d'inscription au registre officiel.
De nouvelles amendes pour les chauffeurs de VTC ?
Cette semaine, le gouvernement a lancé des discussions réunissant successivement les syndicats de VTC, les représentants des plateformes (Uber, Bolt, Heetch) et enfin les syndicats de taxis, pour tenter de leur apporter une réponse. Parmi les mesures présentées, le gouvernement a promis la généralisation, dès le 1er juillet, de nouvelles amendes visant spécifiquement les infractions des VTC, comme l'absence de licence (ils doivent être inscrits au registre des VTC) ou la prise en charge sans réservation. Une autre piste, qui avait suscité de vives réactions, concerne l'instauration d'un délai minimum de 30 minutes entre deux courses pour les VTC, assorti d'une obligation de retour à leur base entre chaque mission, afin de réserver la prise en charge immédiate sur la voie publique aux seuls taxis. Les plateformes VTC et leurs syndicats ont exprimé leur opposition à cette dernière mesure, jugée incompatible avec la liberté d'entreprendre et le droit européen.
Des négociations jusqu'au 11 juin
Le bilan de ces négociations reste pour l'instant mitigé. D'un côté, les syndicats de taxis saluent l'engagement du gouvernement à vouloir renforcer les contrôles et à sanctionner plus sévèrement les pratiques illégales des VTC, et qui vont dans le sens d'une concurrence plus équitable. De l'autre, la question du transport sanitaire, qui constitue le cœur de la contestation pour de nombreux taxis, reste en suspens. Si le gouvernement a accepté de réexaminer la réforme tarifaire, mais aucune mesure concrète n'a encore été actée, ce qui alimente la méfiance et la poursuite de la mobilisation dans certaines villes et départements. Les 30 minutes d'attente obligatoire pour les VTC, accueillies favorablement par les taxis, risquent de se heurter à des obstacles juridiques, ce qui pourrait limiter leur portée. L'équilibre reste donc fragile et la sortie de crise loin d'être acquise.
publié le 12 juin à 07h00, Quentin Pannaud, Media365