Pourquoi tant de panneaux de villages sont-ils retournés ?
© Shutterstock, Media365
Depuis novembre 2023, peut-être avez-vous remarqué que de nombreux villages et villes ont leur panneau d'entrée retourné. Le phénomène, né en France, a aussi pris de l'ampleur dans les campagnes belges et suisses, mais comment l'expliquer ?
Ce geste symbolique est en fait né du monde agricole, comme emblème de leur révolte. Cet acte fort vise à attirer l'attention sur la situation critique des agriculteurs. En inversant ces panneaux, ils expriment leur sentiment d'être eux-mêmes "à l'envers", désorientés et abandonnés par les politiques publiques. Ce geste traduit également l'idée que leur monde est en train de basculer, que les repères traditionnels de leur profession sont bouleversés, et qu'il y a urgence pour les sortir de là !
Rémunération et normes
Leurs revendications sont multiples et reflètent toute la complexité de leur métier. Au cœur de leurs préoccupations se trouve la question de la rémunération. Beaucoup dénoncent des prix de vente trop bas qui ne leur permettent pas de vivre décemment de leur travail. Ils pointent du doigt la pression exercée par la grande distribution et les industriels de l'agroalimentaire, qui compressent leurs marges. Un autre point concerne les normes environnementales. Les agriculteurs se sentent pris en étau entre des réglementations de plus en plus strictes et la nécessité de rester compétitifs. Ils demandent plus de cohérence dans les politiques publiques, estimant que les importations de produits ne respectant pas les mêmes standards créent une concurrence déloyale.
Lourdeur administrative et succession
Les agriculteurs se plaignent aussi de la lourdeur administrative qui leur fait perdre un temps précieux et complique leur activité quotidienne. Ils réclament une simplification des démarches et des contrôles moins tatillons. La question de la transmission des exploitations est aussi cruciale. Face au vieillissement de la population agricole, beaucoup s'inquiètent de la difficulté à trouver des repreneurs. Ils demandent des mesures pour faciliter l'installation des jeunes agriculteurs et assurer la pérennité des exploitations familiales.
Ce mouvement de protestation, qui s'exprime de manière pacifique, traduit un malaise profond et multiforme. Les agriculteurs, par ce geste symbolique, appellent à un débat de fond sur l'avenir de leur profession et s'interrogent sur le modèle agricole et alimentaire qu'ils laisseront à leurs enfants ...
publié le 28 septembre à 09h10, Quentin Pannaud, Media365