Occasion : La seconde vie africaine des voitures européennes
© Shutterstock, Media365
Qu'arrive-t-il à nos voitures une fois leur vie terminée en Europe ? Alors que les plus vieilles voitures se voient interdites de rouler dans les centres-villes pour cause de pollution, elles partent pour l'Afrique pour une deuxième vie, sans passer par une cure de jouvence. Une tendance qui soulève des questions cruciales sur l'environnement, la réglementation et les implications sociales de cette pratique.
Chaque année, entre 4 et 5 millions de véhicules d'occasion arrivent sur le continent africain, représentant près de la moitié du marché mondial des voitures d'occasion. Ces véhicules, autrefois en circulation sur les routes européennes, sont désormais expédiés vers l'Afrique par des revendeurs spécialisés. Leur prix attractif, variant entre 2 500 et 5 000 € (pour le meilleur état relatif), en fait une option accessible pour de nombreux acheteurs dans cette région où les alternatives sont limitées. Dans les pays comme le Bénin, il est très difficile de se procurer une voiture européenne neuve. De par son prix très onéreux à l'achat et en frais de douane.
Un impact environnemental préoccupant
Alors que ces voitures sont exportées vers l'Afrique principalement en raison de leur non-conformité aux normes environnementales européennes, elles contribuent significativement à la pollution atmosphérique dans les villes africaines. Les véhicules diesel obsolètes et les modèles émettant des niveaux élevés de particules fines sont parmi les plus exportés, exacerbant ainsi les problèmes de pollution déjà présents sur le continent. Ce qui a aussi un impact nocif sur l'état de santé des Africains. Des voitures très anciennes et en mauvais état circulent encore sur les routes, créant des risques accrus d'accidents et de pannes mécaniques. Ces excès ont poussé certains gouvernements africains à limiter les importations de vieilles voitures européennes. En Côte d'Ivoire, les voitures européennes ne peuvent pas dépasser l'âge de 5 ans. Tandis qu'en Guinée et au Sénégal, l'âge est revu à la hausse à 8 ans maximum. Une réglementation nécessaire, mais qui n'est pas appliquée partout en Afrique. Le Bénin et le Togo s'en voient dépourvus.
Un défi pour l'avenir
Face à ces défis environnementaux et sociaux, des voix s'élèvent en faveur d'une régulation plus stricte du marché des véhicules d'occasion. Des mesures telles que l'adoption de normes d'émissions plus strictes et la promotion de solutions de transport alternatives pourraient contribuer à atténuer l'impact de cette pratique sur l'environnement et la sécurité routière en Afrique. Alors que l'Union européenne et d'autres régions du monde cherchent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir la durabilité environnementale, il est crucial de reconnaître l'impact mondial de la seconde vie des voitures européennes en Afrique. Une coopération internationale plus étroite, tant au niveau réglementaire que financier, pourrait contribuer à relever ce défi complexe et à promouvoir un avenir plus durable pour tous.
publié le 19 février à 10h00, Sacha Benazzi, Media365