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L'UE pourrait imposer le modèle belge de la voiture de société à tous ses États

© Shutterstock, Media365

La Belgique se distingue des autres États européens par la structure de son marché automobile, qui est largement plus dépendant des professionnels que des particuliers, grâce à des incitations fiscales avantageuses. L'UE réfléchit à transposer ce système à ses autres États.

En 2024, 61,6% des nouvelles voitures particulières étaient enregistrées par des professionnels, contre seulement 38,4% pour les particuliers. Ce déséquilibre structurel notamment par un système fiscal avantageux : les entreprises bénéficient d'une déductibilité intégrale des véhicules électriques , tandis que les salariés perçoivent ces voitures comme un avantage en nature faiblement imposé. Résultat, 40,3% des immatriculations professionnelles concernaient des véhicules 100% électriques en 2024, portant la part globale de ces modèles à 24,5% du marché belge contre 12,5% en moyenne européenne.

L'Union européenne lorgne sur le système belge

Ce modèle suscite l'intérêt de la Commission européenne, qui y voit un accélérateur pour atteindre ses objectifs de décarbonation. Le commissaire aux Transports Apostolos Tzitzikostas a explicitement salué le mécanisme belge, responsable d'une réduction de 40% des émissions moyennes du parc automobile entre 2019 et 2023. L'idée serait de généraliser ces incitations fiscales ciblant les flottes d'entreprise , afin aussi de créer un effet d'entraînement sur le marché de l'occasion.

Un modèle difficile à transposer en France

Pour la France, où les voitures de société ne représentent que 34% des ventes , l'adaptation du modèle belge présenterait toutefois de sacrés défis. Le système fiscal français privilégie les primes à l'achat pour les particuliers (comme le bonus écologique) plutôt que les avantages en nature. Transposer le système belge demanderait donc une réforme profonde de la fiscalité des entreprises et des salariés, dans un contexte où les ventes aux professionnels ont tendance à stagner ces dernières années, voire à baisser (-3,2% en 2024 selon AAA Data).

Des mesures qui coûteraient cher aux États

Malgré tout, l'Europe semble déterminée à imposer cette dynamique. Le paquet "compétitivité automobile" prévu pour février 2025 devrait encourager les États membres à verdir leurs flottes professionnelles via des mesures incitatives. La clé résidera dans l'accompagnement des pertes fiscales : en Belgique, le manque à gagner lié aux déductions représente environ 1,5 milliard d'euros annuels, un trou que l'UE pourrait partiellement combler via des fonds de transition...

publié le 12 février à 06h00, Quentin Pannaud, Media365

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