Quentin Pannaud, Media365, publié le 4 mars
Autrefois symbole de liberté et de vie au grand air, les cabriolets disparaissent les uns après les autres des catalogues, en tout cas chez les marques grand public. Une hécatombe aux raisons multiples.
Dans une époque pas si lointaine (quoique près de 40 ans déjà), rouler en cabriolet incarnait une forme de « coolitude ». Et tous les constructeurs se pressaient donc pour proposer au moins un cabriolet dans leurs gammes. Nous étions alors au cœur des années 80, et l'émergence des petits cabriolets permit de démocratiser largement le genre. On pense bien sûr aux Peugeot 205, à la Talbot Samba, à la Volkswagen Golf, mais aussi aux plus confidentielles Citroën Visa, Renault 5 EBS et Rover Metro. Une tendance qui allait se poursuivre jusque dans les années 90, qui verront naître les Peugeot 306 Cabrio, Renault Megane Cabrio, sans oublier à l'aube des années 2000, la New Beetle et la Mini. Puis vint la mode des coupés-cabriolets, initiée par Peugeot et sa 206 CC, qui engendra une véritable effervescence, au point d'attirer des constructeurs que l'on n'attendait pas, comme la Nissan Micra CC ou la Mitsubishi Colt CZC. Et aucune gamme n'est épargnée, puisque les Ford Focus, BMW Série 3, BMW Z4 ou même Ferrari avec sa California succomberont à la tendance du toit en dur !
Le déclin
Dès la fin des années 2000 toutefois, le déclin s'amorce. On sent une certaine fébrilité chez les constructeurs à remplacer leurs cabriolets, même chez ceux qui étaient les principaux acteurs de ce type de carrosserie. Après Ford, Nissan et Mitsubishi, Opel abandonne l'Astra cabriolet en 2009, Peugeot supprime la 308 CC en 2014, puis la 207 CC en 2015, bientôt suivis par la Renault Mégane en 2016. Parmi les généralistes, seul Volkswagen continue à y croire contre vents et marées. Le constructeur comptera même jusqu'à 3 cabriolets dans sa gamme, d'abord avec les Golf Cabriolet, Eos et Beetle de 2006 à 2015, puis avec les Golf, Beetle et T-Roc jusqu'en 2019. En revanche, chez les marques de luxe, les cabriolets pullulent : Mercedes en compte 6 (Classe C, Classe E, Classe S, SLC, SL, SLR et AMG-GT), BMW 4 (Série 1/2, Série 3/4 , Série 6/8 et Z4), tout comme Audi (A3, A4/5, TT, R8). Quant à Land Rover, elle a choisi une voie différente : celle du SUV avec son Evoque Cabrio.
L'argent, le nerf de la guerre
Aujourd'hui toutefois, il reste bien peu de tout cela. En cause, les crises successives notamment. Financière d'abord en 2008, qui a réduit le pouvoir d'achat de biens des ménages. Sanitaire ensuite, en 2020, qui a engendré nombre de retards d'approvisionnement de composants et obligé les marques à en rationaliser l'usage aux modèles les plus demandés. Surtout qu'entretemps est venu s'ajouter un autre paramètre : l'électrification. Et les sommes astronomiques qu'implique son développement. Là où les constructeurs pouvaient se contenter d'améliorer les techniques des précédents modèles sans tout revoir de fond en comble avec les moteurs thermiques, au point de longue date, la voiture électrique réclame des développements inédits, qui coûtent excessivement cher. Et puisque la rentabilité de tels modèles est loin d'être assurée pour le moment, il est logique que les constructeurs se focalisent sur les modèles à gros volumes : SUV et modèles compacts notamment. D'autant qu'un cabriolet, une fois le toit baissé, affiche un aérodynamisme bien moins favorable à une bonne autonomie.
Une lueur d'espoir
Mais le cabriolet n'a pas dit son dernier mot pour autant. Certes, aujourd'hui il est redevenu majoritairement un produit de luxe, les Bentley, Aston Martin, Porsche et Rolls-Royce « sans toit » ayant plus que jamais la cote. Mais une re-démocratisation pourrait bien intervenir une fois que les voitures électriques auront atteint leur rythme commercial de croisière. D'ailleurs, MG prévoit de lancer son Cyberster cette année encore et Mini a déjà annoncé que sa nouvelle Cooper serait à nouveau déclinée en version ouverte. En attendant, il reste tout de même de belles possibilités de se faire plaisir pour les amoureux du grand air, notamment avec les nouvelles Mercedes CLE, la nouvelle Mustang, ou encore l'incontournable Mazda MX-5 fraîchement retouchée