80 km/h sur les routes secondaires : quel bilan après six ans ?

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En 2018, toutes les routes secondaires de l'Hexagone avaient abaissé leur vitesse maximale autorisée de 90 km/h à 80 km/h, officiellement pour faire baisser la mortalité routière. Mais était-ce justifié ?
C'était une mesure phare mise en place par le gouvernement d'Édouard Philippe en 2018 : généraliser les 80 km/h sur les routes secondaires (voies à double sens de circulation sans séparateur central, c'est-à-dire la plupart des routes départementales) en lieu et place des 90 km/h. Une décision justifiée à l'époque par la nécessité d'abaisser la mortalité routière. Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) estimait à l'époque qu'abaisser la vitesse maximale autorisée de 10 km/h permettrait de réduire le nombre de tués sur les routes de 350 à 400 morts par an. Mais tout le monde n'était pas de cet avis, à commencer par les associations de défense des automobilistes comme 40 millions d'automobilistes, qui affirmait que « les vitesses actuelles sur les routes secondaires ne représentent pas un danger ». Les particuliers interrogés à l'époque voyaient aussi dans la manœuvre une volonté de l'État de pénaliser financièrement encore davantage les automobilistes...
Quel bilan six ans plus tard ?
Entrée effectivement en vigueur le 15 juin 2018, la mesure avait provoqué un tôlé dans l'Hexagone, et fut l'un des points sensibles ayant notamment conduit au mouvement des Gilets Jaunes (lancé en octobre 2018). Le président de la République, Emmanuel Macron, avait finalement mis de l'eau dans son vin en annonçant début 2019 autoriser les départements qu'ils le souhaitaient à revenir aux 90 km/h. Aujourd'hui, six ans et demi plus tard, 50 départements de métropole, de l'Aveyron à l'Allier, de l'Ardèche au Cantal, sont repassés aux 90 km/h sur leurs axes secondaires. Mais quel bilan peut-on en tirer ? On attend toujours les chiffres de la mortalité routière de 2022 à 2024 (la période 2020-2022 n'est pas représentative en raison de la pandémie de Covid-19), on sait toutefois que de juillet 2018 à fin 2019, le nombre de tués sur les routes avait baissé de 331 morts par rapport à la période 2013-2017.
Un nombre de tués en baisse
Pourtant, dans certains départements, comme l'Allier ou le Puy-de-Dôme où la vitesse maximale a bien été relevée, le nombre de tués a baissé. À quoi est-ce dû ? Eh bien ! ces deux territoires ont décidé d'appliquer un système hybride : 90 km/h sur la plupart des routes départementales, mais 70 km/h seulement sur les axes les plus accidentogènes. Il y a donc bel et bien un lien entre vitesse et accidents de la route, même si des circonstances aggravantes comme la consommation d'alcool ou de stupéfiants, le non-port de la ceinture de sécurité ou l'utilisation du téléphone au volant sont aussi en cause.
publié le 10 février à 07h00, Quentin Pannaud, Media365