Moto Guzzi V100 Mandello
L'arrivée d'une nouvelle Moto Guzzi est un événement plutôt rare. Et pour le coup, ça valait la peine d'attendre.
Marque italienne au prestigieux passé sportif, Moto Guzzi a toujours su proposer des motos spéciales. Des premières V7 Special à la saga des California, sans oublier une incursion (un peu oubliée) dans l'univers du trail routier (V75 TT, Quota, Stelvio...), la marque ailée a su alimenter des décennies de motards ayant un point commun, celui de tailler la route avec une philosophie un peu particulière, avec un mélange de charme et d'efficacité.
Tracer sa voie
Un nouvelle Guzzi comme la V100 Mandello, qui inaugure une nouvelle plateforme et un moteur inédit refroidi par eau, c'est quelque chose de rare dans l'histoire de la marque qui, quand elle ne tombait pas dans de grandes périodes d'immobilisme, a plutôt cultivé l'évolution parcimonieuse que la révolution. On ne reprochera donc pas à Moto Guzzi de subir une quelconque influence. La V100 Mandello, par ailleurs, trace sa propre voie. Si ses aptitudes routières semblent évidentes, elle surprend de prime abord par une protection qui ne paraît pas optimale, ne serait-ce que par les curieux déflecteurs situés au-dessus du réservoir. Ni roadster, ni véritablement trail, ni totalement GT, la V100 Mandello entend pourtant proposer sa propre interprétation de la machine à dévorer des kilomètres, bien aidée par sa transmission par cardan et son coupleux V-Twin.
Paradoxale
Comment ne pas saluer le coup de crayon des designers italiens ? Cette Moto Guzzi V100 Mandello réussit la prouesse d'être une moto relativement volumineuse, mais qui paraît paradoxalement fine et élancée. De même, que ce soit au niveau des couleurs ou des matières (le brun de la selle, façon cuir retourné) ou des détails spécifiques (les feux arrière, façon tuyères de réacteur), le dessin ajouré de la jante arrière ou encore le cuivre des couvre-culasses, la V100 captive le regard. On sera donc indulgent sur le logo ailé dont l'extrémité commençait à se décoller sur le flanc gauche du réservoir.
À l'aise
Fine et longue, la Moto Guzzi n'impose d'autres sacrifices que celui d'avoir des bras un peu dimensionnés pour atteindre le guidon (plutôt étroit par ailleurs). Mais les jambes ont suffisamment de place, les échancrures dans le réservoir sont bien dessinées, et on se sent bien à son guidon.
Le rythme dans la peau
Les esthètes auront du mal à ne pas craquer pour la sonorité douce, profonde, entière et subtilement métallique que diffuse le nouveau bloc liquide Moto Guzzi. Avec cette nouvelle V100 Mandello, « tout a changé, mais rien n'a changé ». Il y a toujours ce rythme un peu syncopé, on sent qu'il reste un peu d'inertie, on arrive presque à imaginer le rythme des pistons, mais voilà, tout ceci se joue dans une partition, désormais plus moderne.
En ville
Dotée d'un guidon plutôt étroit, la Guzzi surprend également par la souplesse de son moteur et sa capacité à supporter les bas régimes sans cogner. Il est décidément plein de ressources ce nouveau V2 liquide ! Dommage que le rayon de braquage ne soit pas meilleur, ça peut être un brin handicapant quand il faut commencer à slalomer dans un trafic englué.
Dynamique
Malgré sa bonne rigidité structurelle, la Guzzi étonne par un petit sentiment de lourdeur du train avant. La souplesse, ce n'est pas vraiment son truc : nonobstant les suspensions pilotées de la version S, la Guzzi reste un poil ferme en toutes circonstances. Quant à l'aérodynamique active (les fameux flaps situés sur le dessus du réservoir et dont le mode d'activation est programmable dans l'interface), on se demande à quoi elle sert.
Flaps...flop
La Moto Guzzi n'est pas en reste côté électronique, avec, dans ses menus, la possibilité d'afficher un écran qui présente de manière synthétique tous les paramètres affectés à tel ou tel type de mode choisi, ainsi que la possibilité de se faire sa propre sauce. Comme il faut vivre avec son temps, on n'ira pas jusqu'à regretter les premières V7 Special avec la boîte de vitesses à droite, ça ferait ringard. Mais quand même, on avait réussi jusque-là sans flaps de réservoir qui s'ouvraient à 60 km/h, et on n'en avait pas ressenti le besoin !
publié le 2 juillet à 09h10, Frédéric De Backer, Media365