KTM 890 SMT
La KTM SMT demeure un électron libre gravitant entre les catégorie Supermoto et Sport Tourer. Dix ans après son dernier opus, l'archétype du supermotard de voyage effectue un retour tonitruant.
En 2009, la firme autrichienne KTM développe un concept hybride, ultime synthèse de son expérience multidisciplinaire : la SuperMoto Touring. Reprenant les principaux attributs de la SuperDuke et de l'Adventure, KTM propose le chainon manquant : un gros supermotard doté de valises, se voulant une alternative plus polyvalente (et moins radicale) à la 990 SuperMoto de l'époque. Depuis, le calme plat...jusqu'à aujourd'hui.
Peu protectrice
Le soleil se lève sur la Sardaigne. Il est temps de se familiariser avec la nouvelle venue. D'emblée, je décèle le clin d'œil esthétique faisant référence à la SMR par le biais de ce garde-boue haut à l'avant. Si vous frôlez l'allergie à chaque fois que votre regard se pose sur celui-ci, il vous sera loisible de corriger le tir en faisant l'acquisition du garde-boue bas pour un bon 300 € supplémentaire. Moins appréciable selon moi, la bulle standard, peu prometteuse d'une protection exemplaire au vent et qui, de surcroît, est largement discutable sur le plan esthétique. Une bulle haute sera à nouveau disponible en option, dont le tarif reste encore à préciser, mais qui gravitera autour des 250 €.
Ergonomie optimale
Une nouvelle selle bicolore vient renforcer le look de la moto : elle semble crier confort et suggère la possibilité de mouvements plus amples lors de l'attaque. Celle-ci est à présent perchée à 860 mm, soit 5 mm de plus que sur l'ancien modèle, autant dire une aubaine pour les longues jambes comme celles de votre humble serviteur, mais qui pourra être challengeant si votre centre de gravité est plus bas. Durant l'essai, cette selle s'avèrera particulièrement bien conçue ergonomiquement parlant et bien plus commode que sur la version 990 (plus échancrée). Pas même un début de protestation de la part de mon séant ou de mes lombaires sur plus de 250 kilomètres de petites routes à travers la Province de Sassari, ce qui relève de l'exploit personnel.
Régulateur de vitesse
Un petit tour de clé et la dalle TFT de 5 pouces nous annonce la couleur à travers une petite animation : « Ready to Race » ! L'écran TFT promet déjà une appréciable lisibilité, renvoyant peu de reflets malgré l'insistance du soleil. Le déroulement des différents menus s'effectue par le biais du commodo gauche aux standards KTM : les habituels klaxon, clignotants, switch de phares, quatre touches triangulées de navigation, ainsi qu'un régulateur de vitesse au sommet de tout cela. Les touches sont franches et carrées n'offrant aucune hésitation quant à leur utilisation. Les infographies sont quant à elles limpides. Allez, gaz !
Chevauchée sauvage...mais domptable !
Une pression sur le poussoir de démarreur et le twin parallèle nous gratifie d'un ronronnement agréablement rauque et discret, bien qu'il sache se faire entendre à plus haut régime. Ce qui frappe lors des premiers tours de roue, c'est la souplesse dont le moteur fait preuve à bas régime. Autant dire, c'est tout l'inverse de l'ancien moulin 999 cm3 qui manquait cruellement de progressivité et menaçait fréquemment de caler lors des passages en dessous de 2 500-3 000 tr/min, vous obligeant à subir de solides à-coups de mécontentement et à évoluer continuellement entre la 1re et 2e en abusant de l'embrayage en situation urbaine.
Souple
Le twin parallèle de 889 cm3 permet de grimper dans les tours en douceur sur le couple, sans hoquètement dès 2 000-2 500 tr/min. Il entraîne avec couple et rondeur les 206 kg tous pleins faits (soit 12 kg de moins que la 990 SMT) de la moto. À la traversée des villages sardes, un des éléments qui me marquent est le peu d'émanations de chaleur que ce moulin engendre. Tout le contraire de l'ancien bicylindre en V qui, certes, offrait une solution certaine pour la cuisson de vos œufs dans des cas d'extrême nécessité, mais qui vous poussait en été à vous jeter vous et votre moto dans le premier lac en vue.
Paramétrable
Trois modes de conduite vous sont offerts dans la version standard : Rain, Street et Sport. En option, il vous sera possible d'acquérir un mode Track à travers le Tech Pack. Le freinage KTM reste fidèle à sa réputation : mordant, brutal... ! Les roues de 17'' rendent la SMT notablement agile, et une mention particulière sera faite à la monte par défaut qui est assurée par les Michelin PowerGP en 120/70-17 à l'avant et 180/55-17 à l'arrière. Un grip irréprochable dans les conditions de roulage que nous avons eues. Si l'ensemble de la partie-cycle offre contenance et précision, les réglages standards des suspensions avec lesquels les ingénieurs ont souhaité que nous commencions privilégiaient la souplesse et le confort au détriment d'un juste retour d'informations. À la pause de midi, nous avons tous procédé à des ajustements afin de durcir l'ensemble, obtenant de la sorte moins de transferts de masse et un feeling bien supérieur quand le rythme devenait soutenu. Étant donné que KTM nous avait prévu une course de côte façon Pikes Peak l'après-midi : ce fut plus que bienvenu !
publié le 28 mai à 08h50, Frédéric De Backer, Media365