Mobilité douce

Les zones piétonnes en guerre contre les cyclistes

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En France, de plus en plus de municipalités refusent la circulation des cyclistes en centre-ville. L'objectif est « d'assurer la sécurité des piétons », mais à quel prix ?

Pourquoi la mobilité douce est-elle visée par une vague d'interdictions ? En effet, depuis plusieurs mois, les vélos sont devenus persona non grata dans les rues piétonnes de plusieurs communes. En octobre, Lille devenait la dixième commune en France, à interdire l'usage du deux-roues (vélo et trottinette) dans son centre-ville. Excepté les policiers, agents municipaux, livreurs postaux, enfants de moins de huit ans et personnes à mobilité réduite, les autres utilisateurs ont l'obligation de poser un pied à terre et de conduire à la main leur engin ! Une mesure vraiment efficace ?

Attention à l'amende

Avant Lille, les villes de Nice (juin), Agen (juillet) et Niort (fin 2021) ont prohibé la pratique du vélo dans les rues piétonnes. Dans la municipalité dirigée par Christian Estrosi, l'interdiction faisait suite à un grave accident entre un enfant et une trottinette électrique. Dans le Nord, l'interdiction vaut de 11h à 22h dans un périmètre défini où siègent plusieurs commerçants. Le samedi (de 11h à 19h), ce périmètre est étendu dans les rues piétonnisées du Vieux-Lille. Et gare à ceux qui voudraient défier les autorités. Une amende est prévue entre 35 et 135 euros, selon la vitesse et le secteur concerné.

Protéger les piétons !

Ces interdictions en pagaille sont assez surprenantes, alors que la pratique du vélo se développe dans l'Hexagone et attire de plus en plus d'usagers. Pour certains, la raison première est l'usage qui est fait du vélo plutôt que le moyen de transport en lui-même. Avec des accidents qui se multiplient, les municipalités font barrage. Mais pour Thibault Quéré, chargé de plaidoyer au sein de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette), l'initiative est inquiétante. « Plutôt que de réduire les droits des cyclistes, il faudrait s'attaquer à l'hégémonie automobile de la voirie », explique-t-il. Quelle solution ? Pour tenter de convaincre les municipalités de faire marche arrière, un aménagement de la voirie avec des itinéraires alternatifs pourrait être imaginé. Mais la cohabitation n'est pas évidente. Pour rappel, le Code de la route prévoit déjà de « circuler au pas » dans les zones piétonnes. Entre comportement, sécurité et circulation, les avis divergent, mais jusqu'à quand ?

publié le 21 novembre à 06h00, Thibaut Simon, Media365

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