Les biocarburants peuvent-ils révolutionner le secteur des transports ?

© Porsche, Media365
Présentés comme l'énergie du futur, les biocarburants se démocratisent dans les secteurs routier et aérien, mais peine encore à se généraliser dans l'automobile. Mais la recherche avance, et c'est notamment grâce... à l'huile de cuisson.
Comme leur nom l'indique, les biocarburants sont fabriqués à partir de matières biologiques, comme des graisses animales, des huiles végétales, des déchets agricoles et forestiers et même certains types d'algues, et n'ont donc recours à aucune ressource d'origine fossile. Très largement utilisés dans le secteur du transport routier, ils commencent à se démocratiser pour les particuliers (diesel XTL, Superéthanol E85) ainsi que dans le secteur aérien, où ils sont connus comme « carburant d'aviation durable » (SAF - Sustainable Aviation Fuel). Ils sont présentés comme une solution d'avenir pour décarboner le secteur des transports, mais leur production est encore largement dépendante des graisses animales...
Les biocarburants sont encore trop dépendants des graisses animales
Il s'agit de déchets provenant de l'élevage industriel qui sont revalorisés en étant transformés en biocarburants, en nourriture pour animaux de compagnie, ou en produits cosmétiques (savons, maquillage). Le problème, c'est que plus de la moitié des graisses animales utilisées dans l'Union européenne est destinée au transport aérien, et la demande ne cesse d'augmenter : elle est 40 fois supérieure à celle de 2006 et devrait encore tripler d'ici 2030, d'après le cabinet Transport&Environnement, qui estime qu'environ 8 800 cadavres de porcs sont nécessaires pour alimenter un vol aller-retour entre Paris et New York. Et développer l'élevage intensif d'animaux pour satisfaire les besoins du secteur aérien serait une aberration écologique , et soulèverait de graves problèmes éthiques sur la question du bien-être animal.
L'huile de cuisson comme solution miracle ?
Alors, que faire ? Et bien face à ces défis, l'utilisation de graisses végétales, et notamment l'huile de cuisson usagée (UCO) comme alternative aux graisses animales, a gagné en popularité. Pourquoi l'huile de cuisson ? On la préfère aux autres graisses végétales issues de l'agriculture (colza, tournesol, légumes impropres à la consommation), car c'est un produit transformé qui peut être collecté facilement et rapidement, sans avoir à être ni cultivé ni transformé. Et les producteurs de SAF ne s'y sont pas trompés, puisqu'à l'heure actuelle 80% des biocarburants dédiés au transport aérien sont produits à partir de ce type de graisse végétale. Quel rapport entre le secteur aérien et celui de l'automobile ? Eh bien ! la recherche et le déploiement progressif de ces biocarburants dans l'aviation profitent directement à l'automobile, avec des initiatives notamment chez Porsche et Volkswagen pour améliorer encore leur efficience énergétique, et réduire leur empreinte carbone.
Bon, pour maximiser les bénéfices de l'huile de cuisson comme carburant du futur, il faudrait mettre en place un grand mécanisme européen de collecte et de transport des huiles usées, développer des technologies de transformation plus performantes et moins polluantes, et « mixer » cette solution avec d'autres énergies, comme les carburants synthétiques ou l'hydrogène vert. Ce qui ne devrait pas être pour tout de suite.
publié le 1 février à 21h27, Quentin Pannaud, Media365