La France prête à produire des batteries pour voitures électriques ?
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La gigafactory ACC, inaugurée mardi 30 mai 2023, devrait révolutionner le monde de la batterie. Alors que le marché est détenu principalement par des sociétés asiatiques, la France et l'Europe se lancent à la conquête de la production.
Peut-on croire aux batteries « Made in France » dans le monde de la voiture électrique ? C'est en tout cas ce que la gigafactory du Nord-Pas-de-Calais, implantée à Billy-Berclau veut réaliser. Cette entreprise lancée par le groupe Stellantis, Mercedes et Total Energies est aussi grande qu'un immeuble de 12 étages. 660 mètres de long et 35 mètres de haut pour un coût total de deux milliards d'euros (financée à 46 % par les aides publiques). L'objectif de cette gigafactory est simple : devenir « l'Airbus de la batterie ». En effet, sur un marché porté par le continent asiatique, la voiture électrique a besoin de ressources et l'Europe veut s'implanter durablement.
Une production européenne
Quelle est la situation du marché aujourd'hui ? Si la production de batteries pour voitures électriques se déroule essentiellement en Asie, c'est parce que les matières premières s'y trouvent, en petite quantité, mais plus chères. Une batterie, c'est 40 % d'une voiture électrique. Seul Tesla assure un assemblage maison. Avec des batteries européennes, la situation devrait changer. La gigafactory française, qui accueille 2 000 salariés, devrait produire plus de deux millions de batteries par an d'ici 2030. L'Allemagne et l'Italie vont également accueillir une entreprise de production du groupe ACC.
Indépendant vraiment ?
Produire en Europe, c'est avant tout une question de souveraineté pour se détacher du marché asiatique. À 100 % ? À vrai dire, le marché européen va encore dépendre de l'Asie... Pour Tesla par exemple, les entreprises LG (coréen) et Panasonic (japonais) fournissent la base de la batterie au géant américain. L'Hexagone ne devrait pas y échapper. En effet, pour l'extraction du cobalt, du nickel et du lithium, la Chine dirige plus de 60 % du marché. Pour les terres rares présentes dans les batteries, c'est 95 % du marché encore une fois pour la Chine. L'indépendance ? Ce n'est pas encore pour maintenant.
Production coûteuse
Si l'Europe est en train de révolutionner le marché de la batterie, un dernier constat doit être fait. À cause des minerais que contient la batterie, la production est plus coûteuse. Ce problème pourrait réduire la main-d'œuvre nécessaire, puisqu'une voiture électrique contient moins de pièces qu'une voiture avec un moteur thermique. Résultat, moins d'assemblage et un marché de l'emploi dans le doute.
publié le 8 juin à 09h10, Thibaut Simon, Media365