Faut-il toujours croire aux biocarburants ?
© Shutterstock, Media365
La filière des biocarburants est en pleine expansion. Après les récentes déclarations d'Emmanuel Macron sur la création d'une nouvelle usine à Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques, les carburants de substitution pourraient apporter un plus au marché automobile.
Réduire la pollution des véhicules est un enjeu majeur pour le Gouvernement et les constructeurs automobiles. Voitures électriques, à hydrogène, les énergies zéro émission sont l'avenir. Mais laquelle choisir ? Les carburants sont-ils 100 % « propres » ? C'est la question posée concernant les biocarburants. Le plus répandu est le superéthanol (E85), qui contient entre 60 et 85 % de biomasse, à savoir des produits issus de la production agricole, comme les déchets d'origines végétale (blé, betteraves) ou animale. D'ici 2027, la production de biocarburants devrait atteindre annuellement 75 tonnes.
Aux origines
Au début du 20e siècle, le célèbre Henry Ford écrivait « il y a de l'essence dans toute matière végétale qui peut être fermentée ». Un siècle plus tard, la course aux biocarburants devient effrénée. Les États-Unis sont les premiers producteurs de biocarburants au monde suivi du Brésil et de l'Indonésie et investissent massivement dans les énergies renouvelables. Pour développer une autre filière que l'électrique ou l'hydrogène, les produits agricoles comme le blé, le colza, la betterave ou le tournesol sont transformés. Liquide ou gazeux, il existe trois générations de biocarburants dont le bioéthanol et le biodiesel, utilisés dans les moteurs et conçus à partir d'un mélange d'huiles végétales. Aujourd'hui, les constructeurs comme les consommateurs raffolent des biocarburants. En mars 2022, le nombre d'immatriculations des véhicules flexfuel (qui roulent avec des biocarburants) était de 5 000, contre 200 un an auparavant. C'est d'ailleurs le constructeur américain Ford qui s'est lancé sur le marché du superéthanol avec notamment la Ford Puma.
Quelles conséquences ?
Les biocarburants entraînent malheureusement dans certaines régions du monde des conflits. En effet, la hausse de la demande engendre une hausse des prix des produits agricoles. Avec l'agriculture comme secteur principal de l'économie, plusieurs pays africains ont connu de graves crises sociétales. L'enjeu est donc de produire des biocarburants « nouvelle génération ». Certaines études ont montré que les microalgues seraient la prochaine matière première des biocarburants. Après la terre, les procédés aquatiques viennent à la rescousse !
Une vraie plus-value ?
Aujourd'hui, les biocarburants sont utilisés dans plusieurs secteurs, dont l'automobile. Connu pour être vendu à moins d'un euro le litre, le superéthanol pourrait connaître un revers fracassant. Le prix au litre a dépassé l'euro symbolique et coûte aux alentours de 1,138 €/L. La fin des ventes de voitures neuves avec moteur thermique, actée pour 2035, apparaît comme un frein. À l'heure où les carburants propres ne sont pas encore décarbonés à 100 %. L'avenir des biocarburants est donc incertain. Le constructeur Ford a déjà annoncé se retirer du marché des biocarburants.
publié le 3 juillet à 09h43, Thibaut Simon, Media365