Dans quel état est le réseau routier français ?

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, publié le 22 avril

La France possède plus d'un million de kilomètres de route, mais 142 000 sont classés en très mauvais état. Un réseau qui se dégrade chaque année et qui peine à se reconstruire, faute de moyens financiers. Pourtant, les autoroutes françaises font partie des plus sûres d'Europe...

D'après l'ONR (Observatoire National des Routes), l'entretien de réseau secondaire français laisse à désirer et 80 % de ces routes ne seraient pas contrôlées. Cependant, il faut distinguer le réseau secondaire des autoroutes.

Tout d'abord, il faut comprendre que la dégradation des routes est due à l'évolution du trafic. On observe depuis quelques années l'apparition de SUV ainsi qu'une augmentation des poids lourds. Nids-de-poule, crevasses, goudron mal reformé... les conséquences sont lourdes et les suspensions et roues pâtissent de ce mauvais entretien.

Pourtant dès 2018, la Fédération des industriels de la route avait alerté sur l'état critique des routes françaises. Chaque année, seulement 5 % des routes nationales sont remises en état...

Des autoroutes sûres

Si l'état des routes nationales et départementales est souvent remis en cause, celui des autoroutes est tout autre. En effet, le réseau géré par 20 sociétés concessionnaires se révèle être en bon état. Les sociétés privées gèrent la construction, le développement ainsi que l'exploitation. Un investissement conséquent qui se répercute sur la sécurité.

En 2019, le Forum Economique Mondial classait la France à la 18e place en matière d'infrastructures routières. Devant l'Allemagne, la Belgique et l'Italie.

Alors pourquoi une distinction entre ces deux réseaux ? Une problématique intervient : celle de la prise en charge. L'État gère 2 % du réseau routier. Une décentralisation vers les départements s'est produite depuis des décennies, qui impacte les petites communes, incapables de renouveler certaines routes en piteux état.

Entre privé et public, le choix n'est pas toujours simple et certains pays ont pris la mauvaise sortie .

Chez nos voisins ?

Si les Pays-Bas possèdent un réseau sûr et adapté pour ses habitants, ce n'est pas le cas de la Belgique. Le plat pays où la densité du réseau est la plus forte, en matière de kilomètres au mètre carré, a fait le choix d'une vision à court terme. Payant ? Pas vraiment...

Classée au-delà de la 50ème place par le Forum Economique Mondial, la Belgique possède un réseau routier fortement dégradé. Le pays a décidé de faire confiance à une offre publique moins chère. Des conséquences sur la durabilité du réseau s'observent. De plus, le dossier de la mobilité n'est pas vraiment une priorité. Entre fédéral, régional et communal, les questions de budget sont un vrai problème.

Problème financier

En France, la Loi des Finances 2020 prévoyait un budget d'un milliard d'euros pour rénover le réseau. Un effort, qui paraît tardif vu l'état du réseau secondaire. L'association Routes de France dressait déjà un constat dramatique en 2018 : « il faudrait plus de 60 ans pour renouveler l'ensemble du réseau ».

La gestion des routes et un vrai casse-tête. En effet, il faut plusieurs paramètres pour renouveler correctement les routes françaises.

Si les investissements de l'État en font partie, il faut également un audit complet du réseau pour en connaître la réelle santé, mais aussi du personnel et un savoir-faire pour éviter une réparation en surface des routes.

Les automobilistes mobilisés

Imaginez un peu ! Certaines routes départementales n'ont pas été rénovées depuis... 23 ans ! L'ONR estime en moyenne qu'une route départementale est rénovée tous les 10 ans. Ce genre de constat n'est plus possible et les utilisateurs du réseau l'ont bien compris. L'association « 40 millions d'automobilistes » a donc pris les devants.

Avec une application mobile du nom de « J'ai mal à ma route », chaque personne peut indiquer les défauts rencontrés sur le réseau. L'objectif ? Signaler - partager - alerter. Dos-d'âne trop haut, chaussée déformée... les automobilistes prennent la parole pour le bien commun. Ces alertes permettent à l'association d'interpeller les autorités compétentes et de veiller à la réparation des routes.

Une route en mauvaise santé, c'est un problème pour ses utilisateurs et les motards ne pourront pas dire le contraire. Fortement exposés aux risques d'accidents de manière générale, ils sont plus vulnérables sur un réseau mal entretenu.

Selon l'association « 40 millions d'automobilistes », la part des accidents de la route liés à l'infrastructure routière serait de l'ordre de 47 % en France. Il est temps d'agir et vite !

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