La puissance d'un prénom. Alors qu'il n'a rien à voir avec la conception des premières automobiles, Emil Jellinek joue un grand rôle dans leur expansion. Ce diplomate austro-hongrois est aussi concessionnaire Daimler Motoren Gesellschaft à Nice, et pour promouvoir ces voitures, les prépare et les engage dans des courses qu'il gagne en se faisant appeler « M. Mercédès. »
Ces victoires ne tiennent pas qu'à ses talents de pilote. Gottlieb Daimler a inventé le premier moteur à essence réellement performant. A tel point qu'ils seront nombreux en France à le produire sous licence, à commencer par Panhard et Levassor, et grâce à lui, l'Hexagone deviendra la start-up nation de l'automobile. En attendant, Jellinek a une fille Mercédès, et il a l'idée d'apposer son prénom sur une voiture de course qu'il fera concevoir par Daimler. Livrée le 22 décembre 1900, elle sera donc la première auto à arborer l'appellation Mercedes, qui sera déposée en 1902, sans accents. Ce bolide se signale par sa grande modernité : son châssis ne doit rien à l'univers hippomobile, contrairement à ce qui se pratiquait alors, son moteur 5,9 l est puissant pour l'époque (35 ch), et Jellinek en commande 36 exemplaires ! Cela représente une petite fortune, qui permet à l'Austro-Hongrois d'entrer au directoire de Daimler. Les productions de celle-ci deviennent donc des Mercedes (sans accents) qui dès 1910 s'orneront d'un logo en forme d'étoile à 3 branches désignant la terre, la mer et les airs, symbolisant l'universalité d'usages que Gottlieb Daimler souhaitait initialement pour son moteur.
En 1926, Mercedes s'associe avec Benz pour former la marque l'on connaît : Mercedes-Benz. Fait amusant, Carl Benz et Gottlieb Daimler ont simultanément, dans les années 1870 été des pionniers de l'auto sans même se connaître alors qu'ils ne vivaient qu'à une centaine de kilomètres l'un de l'autre. Mercedes-Benz ne cessera par la suite de soigner ses productions, et d'innover au point de devenir l'un des constructeurs les plus cruciaux dans l'évolution de l'automobile. Détail intéressant, en 1923, Daimler embauche un certain Ferdinand Porsche, qui concevra de surpuissantes autos de course comme la SSK. Manquant de racheter BMW dans les années 50, Daimler-Benz s'offre Chrysler en 1998, puis la cède en 2007, ayant totalement raté la fusion. Cela n'entache en rien l'importance du constructeur allemand à qui l'on doit beaucoup d'innovations majeures comme vous le découvrirez dans le diaporama qui suit.
© Mercedes
Gottlieb Daimler
Né en 1834 dans l'état du Wurtemberg, Daimler commence par fabriquer des carabines, ce qui lui apprendra l'usinage de précision. Ensuite, il devient chef d'atelier dans une firme fondée par August Otto pour fabriquer des moteurs à gaz, suivant l'invention du français Lenoir en 1860. Plus tard, en 1872, avec Otto, il crée la Gasmotoren Fabrik Deutz AG, qui brevètera en 1877 le moteur à cycle à 4 temps Otto, très inspiré des travaux de Beau de Rochas. Daimler quitte Deutz en 1882 et invente avec Wilhelm Maybach un monocylindre 4-temps en 1883 qui servira sur la 1ère moto de l'histoire, ainsi que sur un dirigeable et même un bateau. En 1889, il met au point le bicylindre en V Type P à essence, dont le succès viendra de France, grâce à Panhard & Levassor qui le fabriquera sous licence dès 1890 pour animer sa Type A. Il en cède aussi les droits cette année-là pour le Royaume-Uni à Frederick Richard Simms qui fondera en 1896 la Daimler Motor Company. Six ans auparavant, Gottlieb et des investisseurs ont créé la Daimler Motoren Gesellschaft où ils emploient Maybach. Mais l'ambiance sera houleuse et, fatigué, Gottlieb Daimler décède en 1900.
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St�phane Schlesinger, Motorlegend