Mehdi BERMANI, Motoservices, publié le 29 janvier
Entre R3 et R6 Race, la toute nouvelle R7 se lance sur le nouveau segment Supersport Euro5 avec pas mal d’arguments. Mais également quelques défauts dont certains pourraient être rédhibitoires… Sur la route et sur circuit, dans le sud de l’Espagne, nous venons de découvrir une sportive moderne pour la moins interessante.
Que reste-t-il aux jeunes amateurs de moto à l'esprit racing ? C'est là que Yamaha espère combler un manque avec cette nouvelle R7, prenant pour base la MT-07, une moto placée un cran au dessus de la R3 (et endessous de la R6) et qui se destine à un public de 25/35 ans, hommes et femmes, A2 ou non. Une moto pour la route, mais qui posséderait en elle tout le potentiel pour être amusante et accessible sur piste. Voilà une nouvelle définition du terme Supersport au sein de la maison d'Iwata, un virage déjà pris par d'autres constructeurs, tel Aprilia avec sa RS660. Pour singulariser cette R7 Yamaha a tout d'abord travaillé son look. Et elle est plutôt belle cette sportive : élancée, racée, elle se distingue en façade avec son feu lenticulaire centrale et ses sourcils lumineux leds du plus bel effet. Les lignes du carénage sont dynamiques, et derrière la filiation s'opère directement avec cette poupe ajourée. La vue côté pot, avec ces quelques ouvertures vers le moteur et les tubulures de l'échappement, est magnifique. Mention spéciale accordée aux petites décos R7, sur les flancs de l'habillage et à la pointe de la proue en particulier. Et on bave littéralement devant la série spéciale 60e anniversaire avec ses éléments de suspensions dorés, entre autres.
Pas si accessible que cela !
Nous le pensons, cette R va créer des déçus ! Attirés par la sublime plastique de la sportive, à priori accessible puisque travaillée sur la base d'une MT-07, une fois en selle (même dans la concession) ses aficionados vont découvrir une position de conduite exigeante, vraiment très proche de la R6. Selle à 835 mm du sol (seulement 1,5 cm plus basse que sur la R6), repose-pieds hauts et reculés, le souci se situe au niveau du placement des demi-guidons, installés sous le té supérieur, contrairement à ce que l'on peut trouver chez les concurrentes Kawasaki ou Honda. Comme sur une RS660 donc, dans le principe, néanmoins installé à bord on ressent encore plus les appuis aux poignets. Niveau des jambes on est plus à l'aise, même si la position est typique du genre. Et on apprécie la compacité de la machine, avec la sensation que les genoux, logés dans les flancs creusés du réservoir, vont se toucher. Pour une sportive, elle est quand même confortable grace à ses suspensions signées Kayaba, un ensemble entièrement paramétrable qui travaille bien. En outre la selle est vraiment moelleuse, pour une sportive il s'entend. Côté protection, la bulle est suffisamment haute pour protéger le haut du corps, le casque et les épaules du pilote qui aura mis la tête dans la bulle, chose aisée avec un réservoir bien plat et la possibilité de vraiment bien se reculer sur l'assise. Aucun problème pour caser les 183 cm de l'essayeur sur cet test !
Le caractère du CP2
En terme de performance, sur le papier la R7 affiche exactement la même cavalerie que la MT-07 (73,4 ch à 8 750 tr/min), à l'instar de sa valeur de couple de 67 Nm atteint à 6 500 tr/min. Toutefois, le caractère du twin parallèle CP2 trouve une certaine singularité du fait de ses aménagements, au niveau des conduits d'admission, de la programmation de son ECU, de l'échappement également (observer bien les tubulures et la chambre de décompression) et surtout au niveau de la transmission. Dans le feu de l'action on retrouve son punch sur les rapports inférieurs, avec ce petit à-coup à l'ouverture que l'on ressent passés les 4000 tours, de quoi facilement partir en wheeling sur le second rapport d'autant plus que les watts sont délivrés de façon linéaire. Mais il tire long ce bloc, du coup nous déplorons un manque d'allonge sur les supérieurs en fin de plage. Pour autant avec un peu de patience, nous avons quand même vu s'afficher 224 km/h sur notre compteur en 6e à 1000 tours du rupteur, mais il a fallu se cracher dans les mains et jouer au petit jeu de l'aspi avec les confrères pour y parvenir. On relève quelques fourmillements qui se transforment en vibrations dans le dernier tiers du compte-tours. Mais cela n'est aucunement gênant ! Notre consommation moyenne sur ce roulage dynamique est de 6,1/100 km. Avec le réservoir de 13 litres, 1litres de contenance en moins par rapport à celui de la MT-07, on peut donc tabler sur une autonomie de 250 km, minimum. La R7 est également proposée avec un moteur de 35 kW pour les A2.
De la route ET de la piste !
Sur route, on profite du très bon châssis de cette nouvelle Yamaha, une ossature rigoureuse qui rassure. Elle est saine cette moto, naturelle et légère, même si nous ressentons quand même un peu d'inertie à l'heure de l'inscrire en courbe. Toutefois dans les enchainements nous louons son agilité et sa vivacité, un peu trop parfois lorsque la direction s'allège et qu'un petit mouvement de raquette s'amorce sur le changement. Petite alerte, mais rien de grave, pas de quoi regretter l'absence d'un amortisseur de direction. Excellente garde au sol, maintien plein angle peu critiquable, elle est permissive dans la mesure où l'on corrige avec facilité ses trajectoires. Sortie de courbe, on remet du gaz sans trop réfléchir, compte tenu de la modeste cavalerie à bord et du très bon grip des S22. Quelques passages sur des chaussées moins propres nous ont quand même fait regretter l'absence d'antipatinage, d'autant plus que le moteur conserve ce petit à-coup que l'on apprécie tant à l'ouverture. Sur circuit maintenant, sur le tout nouveau tracé hyper technique d'Alméria, nous validons ce que nous avons apprécié sur la route : le freinage, en terme de puissance et d'endurance, la stabilité de la R et la rigueur de son châssis, son agilité comme sa vivacité également. Ici, les mises sur l'angle sont maintenant assez directes, avec le gros rythme que nous mettons sur la sportive mais également l'apport des Bridgestone R11 au profil plus en pointe et à la gomme irréprochable. De quoi souder à peu près partout ! Elle donne la banane la R7 : ses suspensions sont franchement bien nées, enfin pour quelqu'un qui découvre la piste, avec quelques possibilités de réglages interessantes, mais elles sont quand même un peu limitées pour des amateurs éclairés, des pistards plus qu'occasionnels qui pourront toutefois trouver plus techno au sein du catalogue accessoire GYTR.