Mehdi BERMANI, Motoservices, publié le 6 novembre
Chez Triumph, la nouvelle Tiger 850 Sport (dispo A2) débarque sur les terres des V85 TT, F 750 GS, Tracer 900… Un segment trail midsize haut de gamme oui mais « encore abordable », pour des motos censées tout faire de belle manière. Est-ce le cas pour cette nouvelle Tigresse ? Notre verdict est sans appel !
Comme il a mis sur la marché la Trident 660 cette année, Triumph a lancé la Sport 850 sur le segment trail, afin de proposer une Tiger plus accessible financièrement mais également plus adaptée aux jeunes permis que la Tiger 900. Avec un écart de prix significatif : 11 400 € pour cette 850 Sport contre 13 500 € pour une Tiger 900. Comment ? En dégonflant quelque peu son moteur de 888 cm3, lui faisant perdre 10 chevaux et 5 Nm de couple, et en établissant une dotation d'équipements plus rationnelle que celle de la 900. Mais pas moins enthousiasmante ! En effet cette « huit et demi » ne manque pas d'atouts sur le papier. Outre son trois pattes maison qui resterait une usine à sensations, mais qui serait plus adapté à un usage quotidien, elle se distingue pour ses suspensions signées Marzocchi, avec une fourche non réglable mais un amortisseur à précharge variable via une molette déportée, son système de freinage Brembo Stylema à l'avant, ses deux modes de conduite Rain et Road (quatre sur la 900), l'instrumentation TFT couleur à 4 ambiances et son pare-brise réglable manuellement.
L'accueil britannique
Fine, élancée, on reconnait la filiation Tiger au premier coup d'oeil. Peut-être un peu trop même, de face en particulier, d'autant plus dans le coloris rouge qui nous a été confié, une teinte également proposée sur la gamme Tiger 900. Heureusement est indiqué « 850 Sport » sur le flanc creusé du réservoir, quant aux « yeux avertis », ils auront remarqué l'absence de longues portées à la naissance du bec, et celle des protège-mains sur le guidon. Votre serviteur de 183 cm s'est senti un peu à l'étroit sur ce trail ! Raison première, la selle optionnelle basse bien évidemment. Passé cela, force est de reconnaitre que cette 850 est très confortable, parce que sa selle est moelleuse et que la posture adoptée est naturelle. Avec le buste droit et les bras bien ouverts sur le large guidon, sans toutefois qu'ils soient trop tendus. N'oublions pas la souplesse des suspensions, très appréciée sur la durée, ainsi que la protection. Au sujet de cette dernière, nous avons trouvé que la bulle préservait très bien le haut du casque à vitesse élevée, moins les épaules. Les jambes sont protégées elles aussi, moins les pieds. Le bloc TFT couleur est de bonne taille, malheureusement nombre des informations distillées sont trop petites. En outre nous trouvons qu'il renvoie quelques reflets en pleine lumière, le basculement jour/nuit est parfois un peu long, il ne propose pas de connectivité et il n'y a pas non plus de possibilité de faire pivoter l'accessoire. Heureusement, il est complet ! Et la navigation est parfaite, comme toujours avec les Anglais (#JamesCook). Reste qu'à gauche, le joystick de sélection est un peu trop proche du bouton réservé aux clignotants...
Pour tous les jours, mais pas que !
Cette Tigresse est un « daily commuter », dirait-on de l'autre coté de la Manche. C'est en effet une bonne alliée du quotidien afin d'arpenter la jungle urbaine, déambuler sur le périphérique saturé... miam ! Elle est vraiment facile en ville car elle très agile et dispose d'un impressionnant rayon de braquage. Il faut toutefois rester vigilant quant à la largeur de son cintre, qui arrive à hauteurs des rétroviseurs des voitures. En outre les deux ventilateurs du radiateur ramènent beaucoup de chaleur vers les genoux, ce qui n'est pas vraiment agréable quant il fait chaud. Sur la route, grâce aux suspensions souples on peut envisager plus qu'une simple ballade au guidon de cette nouvelle Tiger, seul ou à deux d'ailleurs. Niveau tenue de route le trail est convaincant, la progressivité au passage des enchainements tout autant. La direction ne brille pas par sa vivacité certes, mais ce n'est pas du tout gênant pour ce type de machine, même en conduite plus soutenue. Et oui, car on peut aussi « tartiner » au guidon de cette Tiger 850, le moteur ne demande que ça. Les pneumatiques comme la partie cycle aussi, mais dans ce ce type d'utilisation on parvient quant même aux limites, avec une fourche qui plonge de façon conséquente et des repose-pieds, leurs tétons, qui frottent. Sur autoroute il ne lui manque que le régulateur de vitesse, et peut-être aussi les protège-mains, comme en tout-chemin. Pour le reste tout va bien aux limites légales, mais dès qu'on les dépasse un peu, en se calant sur un régime constant à 140 km/h en 6e, on se retrouve alors sur une plage où quelques vibrations mécaniques font leur apparition. Vous ne les ressentirez jamais de toute façon, puisque vous ne dépasserez pas cette limite....
Rouler dans la boue, une gêne ?
Et en tout-terrain/tout-chemins ? Sur le Circuit de l'Ouest Parisien (à Dreux), on retrouve l'esprit Tiger auquel nous a habitué Triumph. De quoi nous faire dire que cette 850 Sport est un vrai trail, avec une souplesse de suspensions ici encore hyper appréciée car elles digèrent sans mal les aspérités de la piste sur laquelle nous évoluons. On la sent légère cette anglaise (de 192 kg à sec) et elle est facile à guider en position debout sur les repose-pieds pièges à loup, une fois débarrassés de leur caoutchouc. On se porte en effet facilement sur l'avant, le guidon est haut et large, quant au réservoir, sa forme permet de bien se maintenir avec les jambes. L'accès à la pédale de frein est direct ! Pour le frein avant : « Qui peut le plus peut le moins », dit l'expression que l'on attribue à Aristote ! De la Grèce Antique au Royaume de sa Majesté il n'ya aujourd'hui qu'un pas allègrement franchi par nos amis d'Hinckley qui ont jugé bon de conserver les étriers monoblocs Brembo Stylema d'hypersportive, sur cette version « light » de la Tiger 900. Une bonne chose ? Oui dans la plupart des situations, le freinage instantané qui se dose d'un petit doigt est efficace et rassurant. Mais finalement dans le cadre d'une utilisation sportive pas tant que cela car il provoque une plongée conséquente de la fourche souple. À noter enfin la présence de nombreux aspects pratiques sur cette moto : leviers réglables, bulle dont on fait varier la hauteur manuellement très facilement, feux de détresse, valves coudées, molette de réglage déportée pour l'amortisseur, mini sabot moteur... Le top case Expedition de notre modèle d'essai est en option.